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Lea Desandre

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Message  CL Dim 24 Déc 2023 - 16:12

VERSION FEMINA - CULTURE - LES GRANDES INTERVIEWS

Lea Desandre : « J'ai suivi mon cœur et ma passion »
C'est un Noël forcément enchanté que nous offre la talentueuse mezzo-soprano franco-italienne. A 30 ans, après avoir beaucoup chanté Chérubin dans les Noces de Figaro, elle s'apprête à se confronter au rôle tragique de Médée, au Palais Garnier, à Paris, au printemps, avant de créer un spectacle en hommage à Julie Andrews. On comprend mieux d'où vient cette mélodie du bonheur que transmet l'irrésistible Lea Desandre. Une voix à suivre.

Valérie Robert

Lea Desandre Leades10


Est-ce grâce à Natalie Dessay que vous êtes devenue chanteuse lyrique ?

Oui, je suis tombée amoureuse de sa voix à 12 ans, à la télé. Je passais des heures sur YouTube à regarder ses vidéos.
J'ai beaucoup fonctionné à l'écoute, car l'oreille est un instrument puissant qui permet, inconsciemment, d'imprimer des phrasés. J'allais aussi seule à l'Opéra pour 5 ou 10 euros, trois ou quatre fois par semaine. Ma maman m'a souvent attendue dans la voiture !

Vous parliez même aux artistes en coulisses...

Oui, je posais des questions aux chanteuses qui m'inspiraient. Vivica Genaux, entre autres, se souvient encore de moi, dans les couloirs du Théâtre des Champs-Elysées, lui demandant de m'apprendre à faire de longues notes tenues, qui m'étaient difficiles, alors que, depuis enfant, je pouvais vocaliser très vite. Quand vous avez une petite de 14 ans qui vient vous voir, ça marque.

Finalement, ces femmes ont été votre école...

Certaines sont devenues mes professeures. J'ai refusé de suivre un enseignement trop académique, car j'avais besoin d'apprendre de la scène et de nourrir mon art auprès de gens passionnés. Une fois mon bac littéraire en poche, j'ai étudié une année au conservatoire de Boulogne-Billancourt. Puis j'ai effectué un Erasmus à Venise, où enseignait la contralto Sara Mingardo. On m'a permis de n'aller qu'aux cours de chant de Sara, qui m'a aussi donné des leçons particulières gratuites en me disant : « Lorsque tu seras chanteuse, c'est toi qui m'inviteras ! » C'est un vrai mentor qui, à un moment, m'a poussée dehors : « C'est bon, là, il faut que tu ailles faire la fête, vivre. Allez, envole-toi ! Vai, vai ! »

C'est ensuite que vous avez rencontré le grand chef d'orchestre William Christie...

Oui, à 21 ans. Il organisait l'académie Le Jardin des voix pour jeunes chanteurs, où, contrairement aux cadres trop institutionnels, on vous offre un orchestre de renommée internationale. Il vous fait tourner dans les plus grands théâtres du monde avec un programme sur mesure pour vous. C'est assez idéal. En fait, j'ai suivi mon cœur et ma passion. J'y suis toujours allée à l'instinct. J'essaie de conserver cette flamme.

D'où venez-vous ?

De Paris. Mon papa est italien, ma maman du Sud-Ouest, j'ai grandi dans un milieu d'artistes. Mes parents sont dans le cinéma, mon grand-père était Monsieur Loyal au cirque, ma grand-mère chanteuse d'opéra, ma tante comédienne, ma sœur graphiste. Dès que j'ai voulu chanter, j'ai eu la chance d'avoir une famille qui m'a ouvert les portes et ne m'a pas demandé de suivre un parcours classique, tant que je pouvais m'épanouir. Et être une bonne personne. Je viens de la danse classique, j'ai pratiqué le tennis, le volley, le handball, le golf. J'étais une enfant hyperactive et le chant m'a permis de tout canaliser.

Vous considérez-vous comme atypique ?

Pendant longtemps, je me suis sentie déconnectée de ma génération. Au collège, mes amis écoutaient Britney Spears, Lady Gaga et Justin Bieber. Mais cette espèce de singularité fait partie de mon chemin. Aujourd'hui, cela me fait plaisir de trouver une communauté avec mes collègues chanteurs d'opéra français de mon âge, comme Julie Fuchs et Sabine Devieilhe. Il y a une très belle scène lyrique en France.

Je peux vraiment dire que l'on est comme une famille.

Quel rapport avez-vous avec votre voix ?

Je ne la dissocie pas de moi. J'ai la chance que beaucoup de personnes entendent qu'il y a cet instrument hybride qui se situe entre deux boîtes dans lesquelles on ne peut pas me ranger. Ma voix est mon identité, c'est par elle que peuvent passer les vraies émotions. Elle est sans filtre, et c'est ce que j'apprécie, car c'est aussi la personne que j'ai envie d'être : celle qui aime, donne et ne prétend pas.

Pour toutes ces raisons, ma voix, c'est moi.

Quel est votre compositeur fétiche ?

Mozart. J'aime dire qu'il est un médicament pour mon instrument, pour mon âme. Il vous fait revenir aux fondamentaux et vous met face à vos défauts. Je pourrais même ajouter qu'il est une drogue, car quand on s'habitue à sa musique, il est difficile de s'en éloigner, c'est addictif. Quand je le chante, c'est doux, rond, ça vous masse de l'intérieur.

Quels rôles souhaitez-vous incarner ?

Je sais que la musique française m'intéresse énormément. Cendrillon, de Jules Massenet, est un grand rêve. J'ai envie de profiter de la fraîcheur de mon instrument, car elle va s'en aller. Cecilia Bartoli, l'une de mes professeures, m'a prévenue. J'ai 30 ans et j'espère pouvoir chanter encore trente de plus ! En février, à Genève, je serai Idamante, le fils du roi dans Idoménée, de Mozart, c'est magnifique.

Cela peut être chanté par un ténor, mais c'est souvent par des voix comme la mienne. Cet été, je serai présente aussi, notamment au Festival d'Aix-en-Provence.

Au printemps, vous serez sur la scène du Palais Garnier dans Médée. Est-ce un défi ?

J'en ai chanté des extraits, mais s'emparer du rôle en entier est une première. C'est un personnage effrayant émotionnellement et dangereux, avec lequel on doit mettre une distance. Pendant les répétitions, on peut se brûler, explorer, se permettre de pleurer, de crier, d'aller au bout de chaque sentiment, pour qu'une fois sur scène on puisse tenir pendant quatre heures et ne pas se laisser emporter par le rôle.

Vous enchaînerez avec un spectacle plus léger...

Oui, il s'agit de Chasing Rainbows, un hommage à Julie Andrews à travers son répertoire, avec l'ensemble Jupiter. Je vais chanter, danser et faire des claquettes. On le jouera à l'Opéra-Comique, à Paris, puis en tournée. J'ai beaucoup vu ses films et, enfant, devant la télé, j'enfilais ma petite robe de Cendrillon, faite sur mesure. Déjà prête à monter sur scène !

Votre dernier album s'intitule Idylle. Pourquoi ?

Parce que l'amour est le plus beau des thèmes. On est là pour s'en donner. La musique en est une forme et le meilleur véhicule pour le transmettre d'un pays à l'autre. Ce programme fait venir pas mal de jeunes. Quand j'entends Grand Corps Malade ou Barbara Pravi, que j'admire, ça me touche. Je ne peux pas slamer. Donc, sur cet album, on s'est contentés de reprendre notamment Barbara et Françoise Hardy.

À quoi ressemble un réveillon chez vous ?

Le classique de Noël, c'est la famille très soudée, à Châtellerault, avec mes grands-mères, mes parents, ma sœur, ma tante, mon amoureux, au coin du feu, mon papa qui concocte son poulet façon Georges Blanc, son foie gras mi-cuit traditionnel. Il y a du bon vin, on sort la guitare, on joue à des jeux de société. Ma maman est exploitante de cinéma et l'on va voir un film, manger du pop-corn.

C'est aussi la période où l'on revoit les Harry Potter mais aussi la Mélodie du bonheur, Victor Victoria. On a le sentiment que le temps s'arrête, que le monde se met au repos.

Et les cadeaux sont-ils aussi une forte tradition ?

Mon préféré est d'en faire aux autres, j'adore les penser, mais on est de plus en plus dans le fait-main. Ma sœur peint, mon copain écrit des chansons qu'il offre. Comme je voyage beaucoup, je rapporte des souvenirs du Japon et des Etats-Unis. Mais le cadeau véritable est d'être ensemble et de partager un bon moment.

CD Idylle, Lea Desandre et Thomas Dunford, Erato/Warner Classics. Médée, de Marc-Antoine Charpentier, au Palais Garnier, à Paris, du 10 avril au 11 mai 2024.

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